vendredi 14 août 2009

Moi je vote

Propriétaires, artistes et artisans de la Main, appuyés par une foule grandissante de particuliers, lancent une campagne d'affichage sous le thème : Moi je vote. C'est un effort de plus pour convaincre le Maire de Montréal, M. Gérald Tremblay, et la Société de développement Angus, représentée par M. Christian Yaccarini, de travailler avec nous à réaliser un projet de revitalisation pour la Main.

Nous croyons que la Main doit s'inscrire dans le Quartier des spectacles, en poursuivre la vocation. Nous avons des idées; nous caressons des projets. Si seulement on prenait la peine de nous consulter et de nous écouter.

mardi 11 août 2009

Le Quadrilatère Saint-Laurent ou l'attitude "Tasse-toi mon oncle" !

Le Quadrilatère Saint-Laurent est un exemple de projet élaboré entre quatre murs, sans consultation avec les personnes qui vivent et qui travaillent sur la Main, sans consultation auprès des experts en histoire et en patrimoine. On élabore un projet en privé; on annonce qu’on va raser tout un quadrilatère pour Hydro-Québec, délogeant ainsi des dizaines de personnes et menaçant leur gagne-pain. Et on s’étonne qu’il y ait de la résistance! Quand apprendra-t-on à considérer les êtres humains avant de couler du béton?

Voilà que « Le maire Tremblay fait une lecture positive du rapport de l'OCPM qui, selon lui, convient de l'urgence d'apporter des modifications dans ce secteur du boulevard Saint-Laurent. »

Il ajoute : « «Nous allons rencontrer encore une fois la société Angus pour voir quels accommodements doivent être apportés», a-t-il dit. » Un autre bel exemple de refus de consulter ceux et celles qui sont menacés de voir leur lieu de travail disparaître. Et comme l’écrivait Héritage Montréal dans son mémoire : « (...) on en arrive à des projets qui ne satisfont que des intérêts privés au détriment de l’intérêt collectif porté par l’espace urbain. » (Héritage Montréal, page 8) Déplorable !

On peut lire l’article du Journal de Montréal ici.

lundi 10 août 2009

Slow down or stop the project?

As read on Spacing Montreal.

“Slow down” is a pretty vague recommendation. More than time, this project needs the dedication to treat a revered Montreal landmark with due respect. That’s not the kind of sensibility that can be tacked on to a project in its final stages. If, in the face of such strong criticism, this project is pushed through as is, or with only minor tweaks that fail to respond to the root concerns, it would be a clear failure for the public consultation process – and a clear statement about where the current administration’s priorities lie.

C'est pas juste un bar de danseuses... comme disent certains

Plusieurs personnes qualifient le Cabaret Cléo de « bar de danseuses ». Voilà un jugement prononcé sans avoir pris la peine de se renseigner sur notre véritable identité. Dans un mémoire présenté par Nathalie Gural et Amy Hudston, deux artistes du burlesque qui se produisent au Cabaret Clé, on découvre cette véritable identité. Voici quelques extraits du mémoire.

The forms of alternative entertainment performed at Café Cleopatra’s vary from drag
impersonations, traditional travesties, and underground performance art. All of these
have branched from the roots of Vaudeville theatre.

Vaudeville is defined as:
• Stage entertainment offering a variety of short acts such as slapstick turns,
song-and-dance routines, and juggling performances.
• A theatrical performance of this kind; a variety show.
• A light comic play that often includes songs, pantomime, and dances.
• A popular, often satirical song.
The proposals set forth by the SDA do not include a small venue, or stage bar for local, alternative, low budget artists that need the opportunity of low rent accessibility to actualize their projects. Currently we do have such a place : Café Cléopâtra.

We chose to use Café Cleopatra’s for the following reasons:
1. It boasts a traditional show bar cabaret set up, unique to the city yet perfectly adapted for the needs of our genre of show entertainment. Found on the second level of Café Cleopatra’s, a Thrust Stage, otherwise known as a Three Quarter Round is a rarity here in the city of Montreal. The lighting system as well follows a more traditional cabaret approach as opposed to the typical “rock and roll” style found in most Montreal venues.

2. The support, mentorship and continued encouragement on the part of J. Zoumboulakis to continue producing these shows.

Quadrilatère Saint-Laurent : Let's review the entire project

Here are some exercpts from the report released last week by the Office de consultation publique de Montréal.

* A building dedicated to office space and “socially-responsible commerce” will not animate Saint-Laurent and Ste-Catherine around the clock, leaving a hole in the heart of the entertainment district at night.
* The usage proposed would not maintain the cultural diversity that is currently found on the Lower Main (A couple memoirs pointed out that the plans would actually snuff out 4 venues – Cafe Cleopatra, Katacombs, Les Saints and Opera – in order erect a tower mostly consacrated to office space.)
* The 12-storey building could create a wind tunnel and would leave the eastern side of the street in shadows for most of the day (According to Montreal’s urban plan, the maximum building height for this block is 5 stories, but the city has already approved exceptions for the Quadrilatère and 2-22 Ste-Catherine).
* The plan to integrate the facades of centennial buildings into the office tower fails to do justice to a site of “exceptional heritage value,” and proposed building would dwarf the Monument National.

Read more on Spacing Montreal here.

vendredi 7 août 2009

Une opération de nettoyage de la rue Saint-Laurent déguisée en opération de revitalisation

Personne n’y a fait allusion, mais ce que propose la Ville de Montréal, par l’entremise de la Société de développement Angus, c’est une opération de nettoyage de la Main, déguisée en opération de revitalisation.

Malgré les avis de plusieurs experts qui souhaitent préserver le caractère historique et patrimonial de cette section de la Main, la Ville de Montréal entend tout raser le côté ouest du boulevard Saint-Laurent, entre Sainte-Catherine et René-Lévesque (à l’exception du Monument National). Avis aux propriétaires et occupants du côté est, ce sera bientôt votre tour.

Guy Villemure rappelle d’ailleurs dans son mémoire deux opérations de nettoyage de la Main survenues dans le passé. Voici cet extrait.

Le quadrilatère visé par le projet a toujours été dense en activités de l’industrie « des jeux et du plaisir ». Il y a environ 125 ans la Ville a procédé à son élargissement par expropriation sur le coté ouest permettant de nettoyer la place de certaines activités non désirables. Plus tard, dans les années 50, un autre nettoyage s’est opéré mais sans changement de règlement d’urbanisme. (Guy Villemure, p. 3)

Un architecte (parmi plusieurs) critique le Quadrilatère Saint-Laurent

Le projet proposé est en rupture (en opposition à l’intégration) avec la densité existante et les règles d’urbanisme inscrites dans le plan d’urbanisme adopté en 2004 et le programme particulier d’urbanisme (PPU) adopté l’année dernière pour le Quartier des spectacles. (…) Cela rappelle les opérations cadastrales des années soixante autour de la Place des Arts et du Complexe Desjardins. À l’époque, on a exproprié nombre de petits commerces et des artistes qui avaient leur atelier dans ce quartier. Ces grands projets ont encore de la difficulté à s’implanter et à rayonner que ce soit sur la rue Sainte Catherine ou tout simplement dans leur environnement immédiat. Certes ces projets sont importants aujourd’hui mais ils ont brisés la trame commerciale de la rue Sainte-Catherine déstabilisant encore sa partie Est, la zone concernée par le développement du Quartier des spectacles. (Guy Villemure, p.5)

Rénover plutôt que détruire
Ce projet représente un empiètement du Quartier des Affaires dans l’aménagement du Quartier des spectacles. Cette nouvelle proposition dans un quartier historique fragilisé posera plusieurs problèmes pour les prochaines décennies. La hauteur de l’édifice va accentuer la montée de la valeur foncière qui va dépasser grandement la valeur des bâtiments entraînant une série de remplacement d’édifices existants pour mieux
profiter de la valeur potentielle de construction. Dans ce contexte, le Monument nationale et le Club Soda vont devenir des artefacts d’une autre époque. Les terrains vacants sur les deux artères vont prendre de la valeur pour d’autres grands projets. Contrairement à ce scénario, ce quadrilatère a besoin d’une rénovation importante et non d’une destruction partielle.


• Une approche d’intégration respectant le contexte du carrefour historique entraînerait une consolidation de la valeur de l’existant et serait beaucoup plus efficace dans le cadre du développement durable.


• Dans ce contexte l’expropriation n’est pas la solution, on devrait plutôt favoriser la concertation entre les différents propriétaires de la rue et la Ville de Montréal.


• Le façadisme doit être évité. Cela entraîne une illusion de diversité et de protection fictive du patrimoine quand tout devient moderne et homogène. Ce projet deviendra un mail commercial comme tous les autres. Dans un quartier historique de cette importance ce serait une erreur impardonnable. (Guy Villemure, pp. 6-7)

jeudi 6 août 2009

Héritage Montréal exprime des réserves importantes Suspension de l’adoption du projet

Héritage Montréal y est allé d’un mémoire lourd de sens pour la Ville de Montréal pour plusieurs aspects. Jugez-en par vous-mêmes en lisant les extraits qui suivent. (Note : les intertitres et les caractères gras sont de nous)
Lors des périodes d’information sur les projets actuellement à l’étude et sur d’autres projets en consultation publique dont le projet de transformation et d’occupation du site de l’ancien Séminaire de philosophie des Sulpiciens, sur le mont Royal, Héritage Montréal a eu confirmation que des définitions de la sorte n’existaient pas à la Ville de Montréal. Nous n’avons pas eu plus de succès en tentant de connaître quelles étaient les définitions de « revitalisation » ou de « requalification » qui permettaient à la Ville de Montréal ou au promoteur de proclamer qu’ils décrivaient objectivement les projets.

Héritage Montréal comprend que la Ville de Montréal fonde son action sur l’élaboration de mesures de gestion du patrimoine et qu’elle explore actuellement l’outil de l’énoncé de valeur patrimoniale pour aider à cette fin. Toutefois, force est de constater à la lecture de l’Énoncé de l’intérêt patrimonial de l’îlot Saint-Laurent (document 5.2 du site de la consultation sur le Quadrilatère Saint-Laurent, daté du 19 mai 2009) produit par un groupe de travail conjoint du Bureau du patrimoine de la Ville de Montréal, de l’arrondissement de Ville-Marie et du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, qu’on en est encore aux expériences pionnières dans le domaine. Aussi, il convient de noter que cet énoncé a été produit deux semaines après le vote du Conseil municipal demandant la tenue de la présente consultation, le 28 avril. Nous notons aussi que les avis du Conseil du patrimoine de Montréal pour les deux projets datent du 14 avril, soit avant la nouvelle version du Quadrilatère Saint-Laurent datée du 5 mai.

C’est donc dire que des décisions très conséquentes sont prises dans un secteur d’intérêt patrimonial reconnu sur la base de documents inexistants ou quasi-expérimentaux. Nous notons ainsi que des documents présentant un concept révisé d’aménagement du projet sont daté du 1er mai, eux aussi après la tenue du vote au Conseil municipal ce qui accentue la perception de bousculade dans le traitement d’un dossier touchant un lieu patrimonial qui attend depuis 25 ans qu’on s’attarde à un véritable projet de conservation et de mise en valeur. Héritage Montréal voit donc un problème profond émerger avec ce dossier quant à la qualité du processus d’élaboration et d’évaluation du projet en ce sens qu’il verse le fardeau de la preuve dans l’a postériori et ce, malgré la production d’études patrimoniales dont la méthodologie fondée sur des pointages laisse à désirer. Cette situation nous apparaît néfaste à l’élaboration et la réalisation de bons projets, ici comme ailleurs. (Héritage Montréal, p. 7)

Il s’agit de reconnaître qu’il y a une capacité limite du patrimoine à accommoder des visions de développement sans perdre le sens et la valeur sociale, culturelle ou identitaire qu’on lui reconnaît. Autrement, on en arrive à des projets qui ne satisfont que des intérêts privés au détriment de l’intérêt collectif porté par l’espace urbain. (Héritage Montréal, p. 7-8)

Cet ensemble patrimonial porte donc les séquelles de l’indifférence des spéculateurs, de l’action des démolisseurs ou de la négligence des décideurs. Par contre, il a su résister à ces épreuves et à cet oubli pour demeurer un lieu incontestablement chargé d’une mémoire urbaine que son bâti, tout balafré et éclopé qu’il soit, sait encore porter et raconter. (Héritage Montréal, p. 9)

Sur le façadisme dénoncé par plusieurs architectes
La série de bâtiments commerciaux avec leurs façades de maçonnerie donnant sur Saint-Laurent ou sur Clark et leurs rez-de-chaussée ouverts et, pour plusieurs, leurs rez-de-chaussée traversants pour faire un pont entre ces deux rues forment une collection intéressante et éloquente couvrant le demi siècle entre 1980 et 1940. Leur conservation pose la question du façadisme comme mode de résolution de l’enjeu patrimonial dans la revitalisation de secteurs anciens. Généralement rejeté comme pratique de conservation, le façadisme est d’autant plus critiquable qu’il sert souvent de geste expiatoire pour des projets surdimensionnés ou conçus sans véritable prise en compte de la personnalité individuelle des bâtiments façadisés. (Héritage Montréal, p. 9)

Sur la pertinence et la recevabilité du projet
Héritage Montréal partage le principe de revitaliser ce secteur du boulevard Saint-Laurent et souhaite qu’on en arrive à de véritables résultats en ce sens, fondés sur une définition, des objectifs et des échéanciers clairs pour cette revitalisation. Au-delà de cette pertinence générale, nous restons incertains quant à la capacité réelle du projet proposé de réaliser cette promesse dans son expression actuelle – nature, envergure et
architecture dont on comprend du revirement rapide démontré par l’apparition d’une version révisée, qu’elle est en évolution. (Héritage Montréal, pp. 10-11)

Sur la prise en compte du patrimoine et du contexte urbain
Héritage Montréal se préoccupe de voir les questions de patrimoine et de contexte urbain réduites à la conservation de certaines façades avec un recul pour atténuer l’impact d’un choc trop brutal entre le volume proposé et le boulevard. Une telle solution ne nous semble pas être à la hauteur du défi d’architecture que pose un tel site. Il nous semble que des leçons devraient être tirées de projets comme ceux de la Maison Alcan ou du Centre de Commerce mondial.

Au plan urbanistique, nous nous préoccupons de l’impact du projet sur l’« écosystème » du centre-ville alors que le projet ne repose pas tant sur une réponse à de nouveaux besoins d’espaces locatifs qu’à un transfert provenant d’autres secteurs du centre-ville. Au plan de la composante commerciale, on peut apprécier l’ambition au titre du
« commerce responsable » mais s’inquiéter de l’envergure du projet qui constituerait un pôle supplémentaire sur une rue Sainte-Catherine déjà fort éprouvée. Qu’ils soient responsables ou non, les espaces commerciaux vacants et barricadés ne sont pas des signes intéressants pour Montréal et son centre-ville. (Héritage Montréal, pp. 11)

Cabaret Cléo invite le maire Gérald Tremblay à redéfinir un nouveau projet avec les artistes, artisans et propriétaires de la Main

Le temps est venu pour le maire de Montréal, M. Gérald Tremblay, d’abandonner une fois pour toutes le projet du Quadrilatère Saint-Laurent en raison de la trop grande opposition de nombreux spécialistes en architecture et du patrimoine, ainsi que des propriétaires, artistes et artisans de la Main.
Nous proposons au maire de Montréal de travailler en consultation avec nous afin de définir un nouveau projet de réelle revitalisation de cette section de la Main. Nous avons en tête un projet qui, contrairement au Quadrilatère Saint-Laurent, ne sera pas en contradiction avec les orientations du Programme particulier d’urbanisme (PPU) de la Ville de Montréal; un projet qui soutiendra et exprimera les vocations culturelles propres à la Main et au Quartier des spectacles; un projet ne sera pas en rupture radicale avec l’esprit des lieux et son histoire.
Trop d’experts en architecture, en histoire et en matière de patrimoine, et trop d’artistes et artisans de la Main ont fait valoir leurs points de vue sur la revitalisation de la Main, tout en exposant les nombreuses contradictions du projet du Quadrilatère Saint-Laurent. Rappelons rapidement quelques-unes de ces contradictions :
• « Le projet « Quadrilatère Saint-Laurent » proposé par la Société de développement Angus : Un manque de respect du patrimoine québécois et un écart important avec les orientations générales de la promotion du Quartier des spectacles. » (Namaste, page 13).

• « Ce projet s’accorde mal, alors, avec une orientation de “soutenir et d’exprimer les vocations culturelles propres au quartier.” (CPM 2009, Namaste 2005, Bourassa et Larrue 1993, Groupe de travail 2009). » (Namaste, p. 11)

• « Un examen attentif du projet QSL proposé par la Société de développement Angus révèle qu’il ne respecte pas les orientations du Programme particulier d’urbanisme de la Ville de Montréal. L’expropriation des bâtiments et la fermeture des commerces locaux violent l’esprit d’une orientation explicite de “soutenir et exprimer les vocations culturelles propres au quartier,” n’installent pas un environnement convivial et équilibré, et ne font pas partie d’un programme de développement durable. » (Namaste, p.12)

• « C’est donc dire que des décisions très conséquentes sont prises dans un secteur d’intérêt patrimonial reconnu sur la base de documents inexistants ou quasi-expérimentaux. » (Héritage Montréal, page 7)

• « Autrement, on en arrive à des projets qui ne satisfont que des intérêts privés au détriment de l’intérêt collectif porté par l’espace urbain. » (Héritage Montréal, p. 7-8)


L’administration municipale est en voie de réaliser un projet très structurant et porteur pour l’industrie culturelle montréalaise et québécoise : le Quartier des spectacles. Elle ne saurait gâcher ce merveilleux projet en imposant une tour à bureaux qui aurait un effet déstructurant sur ce secteur de la Ville. Encore une fois, nous invitons M. Gérald Tremblay à réaliser sur la Main un projet qui assurera la pérennité de la tradition du spectacle si solidement ancrée.

Oui au Quartier des spectacles, mais pas sans nous !

Un rapport critique le projet du Red Light

Depuis le temps que certains tentent de présenter le Cabaret Cléo comme le seul obstacle à la réalisation du Quadrilatère Saint-Laurent, voilà que les commissaires de l'Office de consultation publique de Montréal y vont de leurs critiques sur ce projet. Il semble que tous ceux et celles qui ont pris le temps de présenter des mémoires exprimant des réserves sur ce projet ont convaincu les commissaires.

Le quotidien La Presse, sous la plume de Sara Champagne, dévoile les grandes lignes du rapport qui serait rendu public la semaine prochaine. Voici le lien vers cet article. À vous de juger.

http://www.cyberpresse.ca/actualites/regional/montreal/200908/05/01-890111-un-rapport-critique-le-projet-du-red-light.php

Cabaret Cléo n'est pas juste un bar de danseuses !

Combien de fois est-ce qu’on entend cette expression? C’est mal connaître le Cabaret Cléo. Cabaret Cléo est un établissement sur plusieurs étages dans lequel des artistes exercent leur art. Au rez-de-chaussée, il y a effectivement un bar où hommes et femmes viennent se divertir depuis plus de 30 ans et assistent à des spectacles d’effeuillage. Au deuxième étage, des artistes de la relève exercent leur art. Cabaret Cléo leur donne accès gratuitement au deuxième étage pour les répétitions et pour les spectacles.

Cabaret Cléo vient aussi en aide aux démunis, aux défavorisés et aux personnes dans le besoin en prêtant ses locaux à divers organismes, par exemple Stella (www.chezstella.org). Stella a pour but d’améliorer la qualité de vie des travailleuses du sexe, de sensibiliser et d’éduquer l’ensemble de la société aux différentes formes et réalités du travail du sexe afin que les travailleuses du sexe aient les mêmes droits à la santé et à la sécurité que le reste de la population.

Il est arrivé au Cabaret Cléo de prêter gratuitement ses locaux à la demande du CLSC du quartier, afin de tenir des cliniques de vaccination contre l’hépatite.

Si Cabaret Cléo n’était qu’un simple bar de danseuses, il ne viendrait pas en aide à toutes ces personnes.

Si l’engagement social du Cabaret Cléo était davantage connu, peut-être que sa réputation de « bar de danseuses » changerait. Voilà, vous le savez maintenant.

Oui au Quartier des spectacles, mais pas sans nous !

Les artistes et les employés du Cabaret Cléo ont accueilli avec enthousiasme le projet du Quartier des spectacles. Enfin, la rue Saint-Laurent allait faire l'objet de travaux visant à lui redonner meilleure mine et des allures dignes de la longue tradition du spectacle et du divertissement. Les artistes et les employés du Cabaret Cléo appuient le Quartier des spectacles. Malheureusement, ils ignoraient le mauvais traitement qui les attendait.

Le projet du Quadrilatère Saint-Laurent propose de raser toute une partie de la rue Saint-Laurent, la partie Ouest en fait, entre la rue Sainte-Catherine et le Monument National. L'objectif du Quadrilatère Saint-Laurent est en fait une opération de nettoyage, déguisée habilement en une opération de revitalisation.

Depuis que nous connaissons les véritables intentions des promoteurs, nous avons décidé de nous regrouper afin de faire connaître notre position. Nous avons créé un groupe Facebook : http://www.facebook.com/group.php?gid=29372060336

Nous avons mis une pétition en ligne : http://www.ipetitions.com/petition/Ensembles/ et une pétition papier circulent toujours.

Divers organismes et personnes ont témoigné en faveur de la préservation du Cabaret Cléo lors des audiences de l’Office de consultation publique de Montréal sur le Quadrilatère Saint-Laurent.

mercredi 5 août 2009

La communauté s'active dans Internet

Voici quelques hyperliens qui permettent de constater que le projet du Quadrilatère Saint-Laurent soulève des passions chez bon nombre de personnes.

http://www.forgetthebox.net/blog/?p=333

http://spacingmontreal.ca/2009/05/29/the-latest-on-the-lower-main/#comments

http://www.apathyisboring.com/fr/make_it_happen/petitions/35

http://neath.wordpress.com/2009/06/09/nous-avons-besoin-de-votre-support-save-the-artists-tonight/

Plusieurs réserves sur le Quadrilatère Saint-Laurent

Plusieurs personnes présentent le Cabaret Cléo comme le seul établissement qui empêche la réalisation du Quadrilatère Saint-Laurent. C'est oublier toutes les personnes qui sont venues exprimer leur réserves sur ce projet. Les audiences de l’Office de consultation publique de Montréal ont permis d’entendre plusieurs témoignages solides en faveur de la préservation de la Main et du Cabaret Cléo. Le mémoire présenté par Viviane Namaste, professeure agrégée, titulaire de la Chaire de recherche sur le VIH/Sida et sur la santé sexuelle, Institut Simone de Beauvoir de l’Université Concordia, a particulièrement retenu notre attention et celle des commissaires. En voici des extraits.

Jugement sévère d’une universitaire sur le Quadrilatère Saint-Laurent

Viviane Namaste a présenté un « mémoire très costaud » (selon l’affirmation du président des consultations) sur le projet du Quadrilatère Saint-Laurent. Nous en reproduisons des extraits et vous invitons à le lire ou à le télécharger (format pdf). Voici ses recommandations.

• Étant donné la valeur patrimoniale des bâtiments et du lieu géographique en
question
• étant donné le manque de données concernant des éléments clés dans ce dossier
étant donné une présentation sélective des évidences par les promoteurs du projet,
• étant donné l’esprit des lieux du boulevard Saint-Laurent et son importance artistique, historique et symbolique sur les plans national et international
• et étant donné les orientations que la Ville de Montréal s’est donné pour promouvoir le Quartier des spectacles (soutenir les vocations culturelles propres au quartier; créer un environnement convivial et équilibré; et miser sur le développement durable)

Les recommandations suivantes sont émises :
• que l’Office de consultation publique de Montréal n’autorise pas l’expropriation des bâtiments liée au projet QSL.
• que l’Office de consultation publique de Montréal encourage le développement
d’un projet révisé, qui est conçu et développé en collaboration avec les acteurs du boulevard Saint-Laurent – les artistes, les groupes communautaires, et les commerçants
• que l’Office de consultation publique de Montréal souligne l’importance que tout projet lié à ce quartier et à ce dossier soumis pour considération à l’avenir soit évalué en fonction de la valeur patrimoniale du quartier, y compris l’esprit des lieux, et que tout projet soumis soit considéré en fonction des orientations générales de la promotion du Quartier des spectacles

Le projet « Quadrilatère Saint-Laurent » proposé par la Société de développement Angus : Un manque de respect du patrimoine québécois et un écart important avec les orientations générales de la promotion du Quartier des spectacles (page 13).



Voici ce que disent et pensent plusieurs experts
(…) l’évaluation de la valeur dudit bâtiment (1230 Saint-Laurent Cabaret Cléo) stipule que l’édifice représente ... un intérêt majeur. Il obtient le plus grand pointage dans les critères liés à son environnement. En effet, malgré les modifications de son contexte, ce bâtiment représente une valeur historique des plus significatives du boulevard Saint-Laurent. Il obtient aussi un bon pointage dans la catégorie “valeur historique” car à cette adresse a déjà logé Ponton, le plus grand magasin de costumes au Québec. (Groupe Gauthier Biancamano Bolduc 2009, 46). (Namaste, p.5)

L’intérêt pour un tel endroit fait partie intégrante de la Main : le milieu des travestis de Montréal est au coeur des représentations symboliques de la ville, notamment dans l’oeuvre de Michel Tremblay (Namaste 2005, Namaste 2000, Schwartzwald 1992). L’existence de cette salle de spectacles depuis les années 1970 implique une valeur historique intéressante : ailleurs au Canada, il n’existe pas d’autres cabarets de travestis et de transsexuelles. Même dans de grandes villes comme Paris – où les spectacles de travestissement faisaient partie intégrante de la vie nocturne tout au cours des années 1950, 1960 et 1970 (Foerster 2006) – les cabarets de travestis de jadis ont disparus. La valeur historique et symbolique du Cabaret Cléopâtre doit se faire évaluer en fonction de cette histoire riche. (Namsate, p. 6)


La main et le Red Light District
(…) la Main est une rue associée au Red Light, aux danseuses, et à la sexualité. Un projet immobilier qui n’a aucune place pour un commerce qui incarne ces éléments de sexualité de la Main propose une rupture radicale avec l’esprit de la rue et de son histoire. Lorsqu’on définit le patrimoine en fonction de l’esprit des lieux, un tel projet ne respecte pas les paramètres de la conservation du patrimoine québécois. On propose un projet qui, par contre, effacera cette histoire riche et variée du boulevard Saint-Laurent. (Namaste, p. 6)

L’histoire de la Main, c’est d’abord et en premier une histoire populaire – des lieux de divertissement à prix abordable, que cela soit les cinémas, le musée d’Eden, les salles d’amusements, ou les cabarets bon marché. Le boulevard Saint-Laurent était une rue de loisirs ouverte à tous et à toutes, un endroit populaire dans son sens le plus riche (Namaste 2005, Proulx 1998, Proulx 1997, Weintraub 1996). (Namaste, p. 7)


Voici comment le promoteur arrange les faits à son avantage

(…) on remarque, à maintes reprises, un manque de données dont la pertinence nous permettrait d’évaluer avec justesse le projet en question. Une absence d’inventaire des intérieurs des bâtiments à exproprier et à démolir, par exemple, a été cité comme une lacune importante du projet proposé par le Conseil du patrimoine de Montréal (CPM 2009, 6). Des questions demeurent quant à la valeur patrimoniale du bâtiment au coin de Saint-Laurent et Sainte- Catherine, laquelle valeur exigerait une étude de l’intérêt patrimonial de l’édifice (CPM 2009, 7). Sont également soulevées plusieurs questions concernant le projet de centre commercial. Selon le Comité ad hoc d’architecture et d’urbanisme de la Ville de Montréal :

...dans un contexte aussi sensible et signifiant, il paraît important de valider la
faisabilité du programme commercial. Le Comité s’inquiète d’une part de la
capacité du marché d’absorber une superficie commerciale aussi importante (90
000 pieds carrés sur deux niveaux) et d’autre part de la pertinence de créer à cet
endroit une concentration de type “centre commercial” étrangère aux
caractéristiques typologiques du bâti de l’îlot (Comité ad hoc d’architecture et
d’urbanisme 2009, 5).
(Namaste, pp. 7-8)

L’encadrement des données par les promoteurs laisse entendre que la valeur patrimoniale des bâtiments n’est pas majeure, une position contredite par trois documents sur le dossier préparés par des experts dans ce domaine. (Namaste, p.8)


Voici ce que des experts pensent du 1230 Saint-Laurent (Cabaret Cléo)

On précise que la valeur symbolique de cet endroit, indissociable de la sexualité, rayonne sur le plan international (Groupe de travail 2009). La fermeture d’un cabaret de danseuses sur le boulevard Saint-Laurent – une activité pour laquelle le boulevard est bien connu et apprécié, et ceci, à travers le monde – est proposée dans le cadre d’une initiative qui veut mettre en valeur la représentation symbolique de la ville sur le plan international. Autrement dit, on propose des modifications réglementaires d’urbanisme qui entraîneront la fermeture des commerces existants du boulevard – des commerces qui sont, entre autres, responsables pour la représentation symbolique du boulevard Saint-Laurent internationalement. L’expropriation du bâtiment situé au 1230, qui voudra dire la fermeture du bar des danseuses situé au rez-de-chaussée, se trouve en conflit avec la position des experts en matière de patrimoine, qui eux déclarent “Selon nous, les éléments restants de la période du Red-Light méritent un effort de conservation” (Groupe Gauthier Biancamano Bolduc 2009, 46). Encore ici, nous constatons que la proposition d’exproprier ne respecte pas le travail historique et actuel des danseuses du boulevard Saint-Laurent. Ce projet s’accorde mal, alors, avec une orientation de “soutenir et d’exprimer les vocations culturelles propres au quartier.” (CPM 2009, Namaste 2005, Bourassa et Larrue 1993, Groupe de travail 2009). (Namaste, p. 11)


Voici ce que pense le professeur Namaste

Un examen attentif du projet QSL proposé par la Société de développement Angus révèle qu’il ne respecte pas les orientations du Programme particulier d’urbanisme de la Ville de Montréal. L’expropriation des bâtiments et la fermeture des commerces locaux violent l’esprit d’une orientation explicite de “soutenir et exprimer les vocations culturelles propres au quartier,” n’installent pas un environnement convivial et équilibré, et ne font pas partie d’un programme de développement durable. (Namaste, p.12)

Il n'y a pas que nous qui ayons des réserves sur ce projet.
Dans un prochain billet, nous présenterons d'autres extraits de mémoires présentés aux audiences de l'OCPM.

mardi 28 juillet 2009

Le Cabaret Cléo explique sa position sur le Quartier des spectacles

Les artistes et artisans du Cabaret Cléo ont décidé d'ouvrir ce blogue afin de faire connaître leur véritable position sur le projet du Quartier des spectacles et sur celui du Quadrilatère Saint-Laurent.

Depuis le début, plusieurs personnes réfèrent à nous en utilisant l’expression : « C’est juste un bar de danseuses! » Cette expression, chargée de sous-entendus négatifs et surtout méprisants, est un jugement de valeur qui, comme c’est souvent le cas lorsqu’on est en présence de jugements de valeur, ne reflète pas la réalité ou s’appuie uniquement sur des perceptions.

Depuis le début du projet du Quadrilatère Saint-Laurent, le Cabaret Cléo a été traité avec mépris. On a estimé qu’on pouvait effacer le gagne-pain de plusieurs dizaines de personnes, qu’on pouvait les expulser, bref qu’on pouvait se débarrasser de nous. Peu importe que le Cabaret Cléo fasse partie, sous une forme ou sous une autre, de l’histoire de la rue Saint-Laurent et du patrimoine de Montréal depuis une centaine d’années, la société bien pensante est d’avis qu’il nous faut disparaître.

Enfin, depuis la tenue des audiences de l’Office de consultation publique de Montréal, on désigne du doigt le Cabaret Cléo, ses artistes et ses artisans comme les seuls qui s’opposent au projet du Quadrilatère Saint-Laurent et qui pourraient faire avorter ce merveilleux projet.

Ces perceptions, ces opinions et ces attitudes doivent être corrigées. Comme le Cabaret Cléo, ses artistes et ses artisans ne disposent pas des moyens financiers de la Société de développement Angus ou de la Ville de Montréal pour acheter des annonces dans les médias, ils ont décidé d’avoir recours à Internet qui proposent des moyens de diffusion gratuits.

Vous voulez savoir qui nous sommes et quelle est notre position sur le Quartier des spectacles et sur le Quadrilatère Saint-Laurent ? Alors, suivez-nous sur ce blogue ; abonnez-vous au fil RSS pour suivre la publication de chaque nouveau billet ; faites-nous des commentaires ou posez-nous des questions.